Occupons-nous mais ne nous préoccupons pas. Le fait de penser à une tâche que nous devons réaliser, à quelque chose dont nous devons nous occuper nous coûte autant d'énergie que si nous l'avions fait réellement. Sauf que cette tâche n'est toujours pas faite. De ce fait, pour notre mental, cette tâche devient peu à peu, au fur et à mesure qu'il y pense et repense, une véritable montagne insurmontable. Et cela semble logique : en effet il y a déjà passé l'énergie qu'il avait prévu d'y allouer et pour autant il n'en est toujours pas venu à bout.
C'est la différence entre les temps de méditation, de pensée et le moment où vient le temps d'être, d'incarner, de réaliser. La fatigue ressentie après une journée à poursuivre sa voie et à s'occuper intensément est une bonne fatigue. Elle nous laisse serein, intérieurement silencieux et en paix. Et souvent notre sommeil est régénérateur et profond car nous n'avons pas d'arrière-pensée ni de préoccupation. C'est la sensation que nous ressentons quand nous avons passé une journée à nous occuper de notre vie, de notre place dans cette incarnation, de ce que nous sommes venus faire.
A l'inverse lorsque par manque de confiance, peur de mal faire ou d'échouer nous restons bloqués dans le "penser". Nous remettons à plus tard, nous tournons autour sans réellement nous occuper de ce qui est vraiment important sur notre chemin à cet instant. Alors nous nous sentons fatigués, préoccupés, comme si les choses s'accumulaient dans notre esprit et devenaient de plus en plus lourdes. Nous avons beau dormir, regarder un film, sortir avec des amis ou faire toute autre activité pour se détendre ou "se changer les idées" comme le dit la formule, et bien la fatigue persiste, ou l'usure et le sentiment de ne pas être réellement disponibles, comme parasités par nos préoccupations. Cette fatigue-là vient uniquement du fait qu'une grande part de notre énergie reste bloquée à "s'occuper" mentalement encore et encore, inlassablement, de la tâche que nous évitons. Cette fatigue vient des préoccupations et elle est très différente de celle qui vient des occupations. Or tant que nous ne la réaliserons pas réellement nous ne libèrerons pas cette énergie pour être disponible à autre chose. Et chaque fois que le mental revient dessus, la montagne grandit un peu plus.
Et quoi de plus naturel. Se préoccuper c'est également "s'occuper avant". Comme si nous essayions de jouer une partie de cartes avant que les cartes ne nous soient distribuées. Notre mental s'épuiserait sur cette tâche et elle deviendrait dans sa représentation une montagne insurmontable. Alors jouer une partie pourrait même devenir une angoisse pour lui alors que la partie sera en réalité beaucoup plus simple à jouer car les cartes auront été distribuées.
Être dans l'instant présent ne peut donc pas être "s'occuper avant" mais forcément simplement s'occuper. S'occuper des choses lorsque celle-ci se présente en faisant simplement acte de présence. En traversant ce que l'existence nous propose. En suivant notre chemin de vie, notre légende personnelle. Ainsi nous nous trouvons doublement libérés. Nous transformons une tâche qui tournait en boucle et nous épuisait en une satisfaction et une confiance intérieure d'avoir pris sa vie en main. D'avoir occupé sa place. D'avoir habité sa journée et ses instants de vie. Autrement dit d'avoir incarné ce que nous souhaitons voir dans le monde, ou d'avoir prêché par l'exemple.
Cultiver sa confiance en soi est alors un cadeau que l'on se fait. Car le manque de confiance est la seule chose qui nous empêche de nous occuper des choses. Et cela est tout à fait compréhensible. Tout en restant bienveillant et patient avec soi-même. Cultivez votre confiance en vous par tous les moyens. Activités, relations humaines, lectures... Ainsi viendra le moment où vous trouverez la force de vous lever et de vous occuper de ce qui vous impressionnait ou vous faisait peur jusque-là. Votre confiance et votre joie en seront décuplées! Comme un enfant qui exprime sa fierté d'avoir accompli un acte courageux, héroique ou difficile. Félicitez-vous et jouissez de cela. Cultivez ces graines et vous récolterez.
L'idée n'est pas d'être prêt à se positionner sur tous les sujets de sa vie ou d'être prêt à tout reprendre en main et tout traverser tout de suite. Encore une fois bienveillance et patience avec soi-même sont essentielles. Envoyez simplement l'information à votre corps et à votre esprit que vous l'avez entendu. Cette honnêteté avec soi-même est la clé pour se positionner déjà intérieurement. L'idée est d'être conscient et de pratiquer l'écoute intérieure.
C'est aussi un cadeau que nous nous faisons à nous-même en même temps que nous le faisons au monde. Cela a à voir avec la responsabilité individuelle. Celle de se positionner à sa place, en suivant son coeur. Celle de rester attentif à ce qui est juste pour soi. À dire oui ou non, à faire ou ne pas faire, à emprunter un chemin difficile ou plus confortable, en conscience. C'est la différence entre décrire le chemin et l'arpenter. Ainsi, libres de ces préoccupations et des angoisses qu'elles génèrent, nous pouvons être disponible à l'instant présent, à notre famille, nos enfants, ou simplement à ce que la vie nous propose juste là, sur le pas de la porte. Et nous jouissons pleinement des cadeaux qui remplissent notre environnement proche. Alors ne nous préoccupons pas de notre vie, occupons nous de notre vie!
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