Asseyons-nous par terre. La terre et l'humidité sont symboles de racines et de ce qui nous touche vraiment, ce qui est profond et originel en nous. Alors mouillons-nous, laissons-nous toucher, salissons-nous, mettons les mains dans la terre, vivons nos relations humaines pleinement. Dans un sens comme dans l'autre. D'un côté nous avons de la réticence à nous asseoir par terre ou dans l'herbe de peur de nous salir ou que ce soit humide, et de l'autre nous nous sentons inconfortables quand une situation ou quelqu'un vient brasser un peu nos émotions profondes, nous toucher ou nous "éclabousser"... D'ailleurs on parle bien de "se mouiller" quand on se lance dans une situation qui a une résonance en nous...
On ne veut pas se salir. Émotionnellement on ne veut pas se salir. Et dans la nature on ne veut pas se salir. Et nous faisons tout ce que nous pouvons pour nous protéger de ça. Ce que notre mental juge sale au fond de nous et ce qu'il juge sale à l'extérieur. Nous mettons des gants, nous évitons de nous mouiller, de nous salir en prenant toutes les précautions avant de nous lancer dans une action. Et nous nous soucions de ce que nos enfants ne se salissent et ne se mouillent pas non plus.
C'est encore plus intéressant quand on sait que l'une des symboliques associées à la terre et à l'eau, ou l'humidité, sont les émotions, l'intériorité et les profondeurs originelles de notre être, ce qui est profond et nous prends aux tripes, et la vie... donc la mort. Ce que le mental juge "salissant" ou "pas acceptable", dans un cas comme dans l'autre, c'est ce qui lui fait peur, ce qu'il ne peut contrôler. C'est ce qui le modifie ou l'altère, le dégrade. Car il aimerait croire à la permanence…C'est la vie, comme un flot qui nous transforme et nous fait traverser les expériences qui nous "éclaboussent" et nous modifient. Un cheminement où rien n'est permanent et immuable. Alors salissons-nous, mouillons-nous, marchons sous la pluie, asseyons nous par terre même si notre mental n'est pas content que nos vêtements soient sales, mettons les mains dans la terre. Et laissons nos enfants vivre et se salir.
Comments